11-Septembre

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Cours pratique de terrorisme

par (et inspiré de) Webster G. Tarpley
Historien
le 16 mars 2007

Cerveaux successifs des attentats du 11 septembre 2001

La machine à faux américaine tourne à plein et a trouvé en la personne de Khalid Sheikh Mohammed, surnommé KSM, un gentil bougre prêt à remplacer ben Laden dans le rôle de l’épouvantail islamiste et à avouer tout ce qu'il est possible d'avouer, et même au-delà, à ses geôliers-tortionnaires. Pensez : à 41 ans, cet homme a (aurait) déjà 31 opérations terroristes à son actif (accomplies ou avortées), dont le 11 septembre, dans au moins 17 pays !


Ces aveux littéralement incroyables, rendus publics le 15 mars, ont été accueillis avec d'autant plus de scepticisme dans les milieux informés que même l'identité du prisonnier détenu par les américains est douteuse. Cet épisode nous offre l'occasion d'explorer l'univers du terrorisme d'État.

Le naïf croit que le terrorisme pousse sur le terreau de l'oppression, de la misère économique et du désespoir politique. Les peuples opprimés, exploités ou naguère colonisés sont sensés s'unir spontanément, créer une organisation et, au bout d'un certain temps de préparation, se jeter dans la lutte armée contre leurs oppresseurs ou occupants. Mais ces cas constituent des exceptions rarissimes. Le naïf ne voit pas les acteurs les plus importants du terrorisme : les agences secrètes de renseignement telles que la CIA, le FBI, le KGB, le MI-6 et consorts.

Les services secrets sont fatalistes ou réalistes en ce qu'ils considèrent tous les grands changements sociaux et politiques comme inévitables. Aussitôt qu'ils découvrent un phénomène naissant, ils n'ont de cesse de l'infiltrer et de le financer afin de le diriger ou de l'influencer dès qu'il arrivera à maturité. Cela vaut tout particulièrement pour les groupes terroristes : l'attention des services de renseignement se concentre tellement sur eux que leur tâche consiste le plus souvent à les créer, bien plus qu'à infiltrer et à prendre le contrôle de groupes déjà existants.

Livre La terreur fabriquée made in USA, par Webster G. Tarpley
“La terreur fabriquée, Made in USA”, de Webster G. Tarpley


Les lampistes

Pour dissimuler efficacement la paternité du terrorisme d'État, le premier ingrédient nécessaire est un certain nombre de boucs émissaires. On peut aussi les appeler lampistes, fusibles, pigeons ou idiots de service. Leurs capacités intellectuelles doivent être limitées et leur crédibilité immense. Les meilleurs candidats au rôle de lampistes sont psychotiques, psychopathes ou sociopathes. Il peut s’agir de fanatiques débordant d’énergie et d’intentions criminelles, ou bien d’idéologues pathétiques. Ils sont souvent déboussolés, bons à rien et ne réussissent généralement rien de ce qu'ils entreprennent.

Les lampistes assument trois fonctions vitales. Premièrement, il faut qu'ils soient remarqués. Ils doivent même attirer sur eux énormément d'attention. Ils doivent publier sur vidéo des déclarations délirantes, ou leurs doublures doivent le faire s'ils n'en sont pas capables. Deuxièmement, les lampistes ne doivent pas être emprisonnés. S'ils sont tous en prison, l'action terroriste planifiée ne pourra pas avoir lieu. Non pas parce qu’ils sont indispensables à sa réalisation, mais parce qu’ils doivent rester disponibles pour en porter la responsabilité, qu’ils aient été sur les lieux ou loin de là. Enfin, si tout se passe bien, le destin des lampistes est de porter la responsabilité de l'acte terroriste une fois celui-ci perpétré. Dès lors, les taupes enfouies dans l'appareil gouvernemental, qui avaient été jusqu'ici leurs meilleures amies et protectrices, deviennent leurs ennemies les plus implacables.


Les taupes

Les lampistes sont incapables d'initiatives, si minimes soient-elles, et n'ont certainement pas les moyens d'exécuter les crimes de grande envergure qui leur sont attribués. L'aide dont ils ont besoin pour jouer leur rôle vient d'un autre sous-système de l'entreprise terroriste : les taupes. La catégorie la plus importante chez les taupes est composée de fonctionnaires et de gestionnaires haut placés dans le gouvernement. Ces fonctionnaires ne sont pas dévoués aux agences pour lesquelles ils travaillent mais au contraire, agissent en tant que membres d'un réseau privé qui a infiltré le gouvernement et s'y est incrusté, parfois sur une très longue période.

Une des taupes soupçonnée dans le cadre du 11 septembre selon la plupart des rapports est Dave Frasca, le chef du bureau du fondamentalisme islamiste du FBI. C'est Frasca qui a enterré les demandes d'enquête du Minnesota ainsi que le mémo de Phoenix, qui demandait une surveillance de partisans de ben Laden dans une école de pilotage.


Les professionnels

Des actions à petite échelle comme l'attaque d'un bus ou d'un supermarché relèvent d'activistes bas de gamme. Mais au-delà, pour des actions de grande envergure, il faut une préparation physique et un équipement spéciaux. Arrivé au niveau du terrorisme international et spectaculaire tel que celui du 11 septembre, il est manifeste que seuls des professionnels bien entraînés ont physiquement la capacité de produire les effets observés. Le troisième sous-système du terrorisme fabriqué est donc celui des professionnels.

Les professionnels sont des agents bien entraînés et bien équipés qui ont réellement les capacités techniques, physiques et mentales d'effectuer les actions terroristes observées par le public. Ils se distinguent des lampistes sur plusieurs plans fondamentaux. Ce ne sont pas des fanatiques délirants comme les lampistes le sont généralement. Ils sont fiers de leur compétence professionnelle. Ils ont souvent des motivations mercenaires. Ils essaient de ne pas se faire remarquer. Ils ne sont pas agressifs et ne perdent pas leur temps à se quereller avec des passants, comme Mohammed Atta est censé l'avoir fait le matin du 11 septembre à propos d'une place de parking. Ils ne donnent pas d'interview et ne distribuent jamais de tracts. Ils évitent toujours d'attirer l'attention et aiment se fondre dans l'ombre. Ce sont des passe murailles, à la limite de l’anonymat total. Leur principal risque du métier n'est pas l'arrestation par la police mais la liquidation par leurs employeurs, désireux d'assurer leur sécurité.


KSM : professionnel ou lampiste ?

Déjà "héros" du controversé rapport de la Commission d'enquête sur le 11 septembre, dite Commission Kean-Hamilton, dans lequel il est référencé 272 fois, KSM est de nouveau mis en avant par un gouvernement américain qui panique face aux doutes de plus en plus ouvertement exprimés sur son rôle dans le 11 septembre et son éventuelle complicité active. KSM est peut-être le numéro 3 d'Al-Qaïda mais il est surtout lié à l'ISI, les services secrets pakistanais, eux-mêmes proches de la CIA. KSM a effectivement préparé les attentats du 11 septembre, puisque l'ISI le lui a demandé et lui a fourni l'argent pour, par l’intermédiaire de Said Sheikh et sur ordre du général Mahmood Ahmed, contraint à démissionner de la direction de l’ISI lorsque cela a fait surface. Du moins, KSM a préparé la version médiatique des attentats, celle à destination des naïfs (avec les pirates de l’air amateurs et leurs cutters...). Il est également possible que KSM ait tué, sur ordre, le journaliste Daniel Pearl qui enquêtait en Afghanistan et était sur le point de découvrir le pot-aux-roses.

Aussi, ne nous y trompons pas : KSM est un lampiste de premier ordre et ses prétendus aveux sont une opération de brouillage, un camouflage pour les véritables coupables. Le grand complot mondial islamiste n'existe pas, pas plus que le grand complot mondial communiste, le grand complot mondial Juif ou que sais-je encore. Ben Laden ne poursuit qu'un seul but, renverser la monarchie saoudienne. Le terrorisme moderne est le moyen par lequel les oligarchies mènent contre les peuples une guerre clandestine qu'il serait politiquement impossible de mener ouvertement.

Oligarchie, services de renseignement, médias, taupes, propagande, pouvoir et argent, guerres


par (et inspiré de) Webster G. Tarpley


Cet article s’inspire de plusieurs chapitres du livre "La Terreur Fabriquée, Made in USA" de Webster G. Tarpley, disponible à la vente en version française aux Éditions Demi-lune. Contrairement à de nombreux experts autoproclamés, très présents dans les médias, l’auteur étasunien est un réel spécialiste du terrorisme international, qu’il a passé 30 ans de sa vie à étudier - depuis son étude sur Aldo Moro en 1978 - et un expert de la vie politique de son pays (Cf. sa Biographie non-autorisée de G. Bush, rééditée en 2004, mais pas disponible en langue française).


Autres sources :
http://www.matin.qc.ca/manchette.php?article=20070314192924
http://www.cyberpresse.ca/article/20070315/cpmonde/70315142/1014/cpmonde
http://www.voltairenet.org/article146258.html