11-Septembre

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Interview surréaliste de Lee Hamilton : vice-président de la Commission

Monki.be
cbc.ca

Interview de Lee Hamilton par Evan Solomon
Lee Hamilton est le vice-président de la Commission d'enquête officielle
le 21 août 2006 sur CBS Canada

Portrait de Lee Hamilton, vice-président de la Commission d'enquête sur le 11 septembre 2001
Lee Hamilton

Interview surréaliste de Lee Hamilton, vice-président de la Commission d'enquête le 21 août 2006 sur CBS Canada, à l'occasion de la sortie de son livre : « Without precedent : the inside story of the 9/11 Commission ».
« Je ne sais pas... » « je ne m'en souviens pas... » sont les leitmotivs qui ponctuent cette conversation. Si les questions qui lui sont posées sont pourtant directes et précises, ses réponses le sont beaucoup moins ! [reopen911]


Evan Solomon : Dites-moi pourquoi vous avez ressenti le besoin, avec Thomas Kean, d'écrire ce livre, "Sans Précédent" ?

Lee Hamilton : Nous sentions que nous avions une histoire importante à raconter ; le 11 septembre a été un événement traumatisant dans notre histoire ; tous les adultes en Amérique se souviendront de l'endroit exact où ils étaient ce jour-là, lorsqu'ils ont appris la nouvelle. Nous avons pensé que le travail de la Commission nous a permis de prendre du recul sur la manière dont les gouvernements travaillent, particulièrement dans le domaine de la sécurité nationale. Des centaines de personnes nous ont demandé comment la Commission avait travaillé, nous avons donc répondu en écrivant ce livre et en essayant de faire connaître l'histoire aux gens, l'histoire de la Commission sur le 11 septembre vue de l'intérieur.

Solomon : Considérez-vous que la Commission ait été un succès, et si oui, de quelle manière mesurez-vous ce succès ; comment déterminez vous qu'il s'agit d'un succès ?

Hamilton : La Commission sur le 11 septembre a été créée par une loi. Nous avions 2 objectifs : premièrement, raconter l'histoire du 11 septembre ; je pense que nous l'avons fait correctement. Nous y avons travaillé très dur ; je ne sais pas si nous avons raconté une histoire concluante sur le 11 septembre mais il est certain que si qui que ce soit décide de s'attaquer à ce travail dans le futur, il commencera avec le rapport de la Commission sur le 11 septembre. Je pense que nous avons été assez efficaces pour raconter l'histoire. C'est devenu un best seller dans ce pays et les gens lui ont montré beaucoup d'intérêt.
Notre deuxième tâche était d'émettre des recommandations. Aujourd'hui, environ la moitié de nos recommandations ont été passées en loi, l'autre moitié n'a pas été promulgée. Nous avons donc encore du chemin à faire. D'un point de vue quantitatif, nous avons eu un taux de succès de 50%. D'un point de vue qualitatif, on peut juger le résultat de différentes façons. Mais nous avons toujours quelques recommandations très importantes qui, selon nous, auraient dû être adoptées et qui ne le sont pas encore.

Solomon : Maintenant, l'une des affirmations que vous écrivez dans le livre, l'une des manières dont vous pensiez qu'il serait un succès, ce rapport, le rapport de la Commission, est en page 23 : vous dites si le peuple américain acceptait les résultats comme exacts, ainsi que les recommandations. (HORS TRAD. : désolée je ne comprends pas cette question... à reformuler...)
Et si je mets cela en parallèle avec un sondage Zogby effectué en mai qui dit que 42% des américains disent que "le gouvernement US et sa Commission sur le 11 septembre ont caché ou ont refusé d'enquêter sur des indices majeurs qui contredisent l'explication officielle du 11 septembre, disant qu'il y a un étouffement de l'affaire" – 42% M. Hamilton, quel est alors votre sentiment sur l'efficacité du rapport de la Commission ?

Hamilton : Et bien c'est décourageant ; c'est un nombre anormalement élevé mais si vous faites attention aux sondages concernant les rapports du gouvernement dans le passé – la Commission Warren, les rapports sur l'assassinat de Kennedy, même les rapports sur l'assassinat d'Abraham Lincoln – vous verrez qu'un très grand nombre de gens sont sceptiques. Et vous le retrouvez dans cette affaire.
Quand vous menez une enquête importante, vous ne pouvez pas répondre à toutes les questions, vous faites du mieux que vous pouvez. Mais pour chaque question que vous laissez sans réponse, vous laissez la porte ouverte aux théories du complot et bon nombre d'entre elles ont fait leur apparition.
La seule chose que je demande est que les adeptes du complot n'appliquent pas de logiques à deux vitesses. C'est-à-dire, ils veulent qu'on prouve indubitablement chaque affirmation que nous faisons. D'un autre côté, quand ils affirment quelque chose, ils le font souvent à partir d'indices très fragiles.
Mais les conspirateurs existeront toujours dans ce pays. Tom Kean et moi en avons eu un avant-goût à chaque fois que nous traversions une foule – ils nous tendaient des notes, des papiers, des livres, des cassettes, nous disant d'enquêter sur tel ou tel sujet. On ne peut pas répondre à toutes ces questions ; on fait simplement de son mieux.

Solomon : Certaines des familles ont rejoint ce cortège. Nous avons parlé à un père qui dit « mon fils a été tué par George W. Bush », comme si le gouvernement avait eu connaissance des attaques au préalable. Que voulez-vous dire à quelqu'un comme lui et aux autres membres des familles qui n'ont pas été satisfaits de l'explication ?

Hamilton : De nombreuses familles ont – fortement – soutenu le rapport et leur aide a été déterminante dans l'étape de mise en place. La plupart des gens qui ont des doutes sur le rapport – pas tous – sont fortement anti-Bush, pour plusieurs raisons. En d'autres termes, la plupart d'entre eux sont juste "anti-gouvernement" et ne croient rien de ce que dit le gouvernement.
Tout ce que je demande à ces gens c'est de montrer leurs preuves. Si vous pensez que George Bush ou Lee Hamilton ou Tom Kean ont fait sauté ces bâtiments, montrez-nous les preuves.

Solomon : Ça ne me dérangerait pas. Il y en a. Mais ce qui m'intéresse est de savoir si vous avez vu le film qui est devenu si populaire sur internet, 10 millions de gens ont apparement déjà vu un film appelé Loose Change, qui fait d'étonnantes révélations. C'est un film réalisé par trois jeunes étudiants sortis d'une université de New York. Avez-vous vu ce film et si oui, qu'en pensez-vous ?

Hamilton : Je ne l'ai pas vu.

Solomon : Ouais... 10 millions de gens, je veux dire, certains d'entres eux. Maintenant, ce qui est intéressant est ce que vous écrivez dans un de vos chapitres, je pense qu'il s'agit du chapitre 12 qui traite spécifiquement des théories du complot. L'une d'entre elles, comme vous le savez – sans doute l'une des plus persistantes – est que les bâtiments furent détruits grâce à une explosion contrôlée, une démolition contrôlée. L'un des indices souvent cités est l'effondrement du bâtiment 7 du World Trade Center, qui n'a pas été heurté par un avion. Une des questions que les gens se posent est : pourquoi la Commission n'a-t-elle pas traité le cas du bâtiment 7, qui selon certains est une preuve irréfutable ? En bref pourquoi s'est-il effondré ?

Hamilton : Bien sûr que nous en avons parlé. Cette accusation que de la dynamite ou autre a provoqué l'effondrement des tours, nous l'avons considérée soigneusement – nous n'avons trouvé aucune preuve en ce sens. Nous avons trouvé toutes sortes de preuves qui indiquent que les avions sont responsables.
Ne nous croyez pas sur parole : les ingénieurs et les architectes ont étudié ce phénomène avec beaucoup de détails et ils peuvent vous dire précisément ce qui a provoqué l'effondrement de ces bâtiments. Ce qui a provoqué l'effondrement des bâtiments, pour résumer, était le carburant des avions ultra-chauffé qui a fait fondre la structure d'acier de ces bâtiments et a provoqué leur effondrement. Il y a de nombreux indices pour conforter ce point de vue, y compris les photos des avions volant dans le bâtiment.
Maintenant, concernant le bâtiment 7, nous pensons qu'il a subi les conséquences après-coup de l'effondrement de ces 2 immenses bâtiments dans sa proximité directe. Et dans le cas du bâtiment 7, nous pensons qu'il s'agit de flammes qui auraient pris au niveau des conteneurs de carburant, ce qui aurait démarré le feu dans le bâtiment 7, et c'était notre théorie sur le bâtiment 7.
Nous ne sommes pas experts dans ces domaines ; nous avons parlé de ça aux ingénieurs et aux architectes pendant un bon moment et c'est la conclusion que nous avons atteinte.

Solomon : Laissez-moi juste vous poser une autre question sur ce sujet. Un contre-argument – ou ça en fait deux je suppose : l'un est qu'un bâtiment construit comme les bâtiments du World Trade Center ne s'est jamais effondré à cause d'un incendie, parce que l'acier ne peut pas fondre à une température qui peut être atteinte grâce à un feu d'hydrocarbures, et l'autre serait que dans d'innombrables cas, des bâtiments ont été en feux et ne se sont pas effondrés.

Hamilton : Mais pas des feux initiés par du carburant d'avion, je ne pense pas que vous ayiez la moindre preuve là-dessus. Mais encore une fois, je ne suis pas un expert dans ce domaine. Nous nous sommes appuyés sur les experts et ce sont les ingénieurs et les architectes qui ont examinés cela en détail.

Solomon : Une question qui subsiste sur les débris du bâtiment 7 qui ont provoqué de nombreuses questions. Personne n'y est mort, donc il n'y avait pas de raison de se dépêcher de se débarasser des débris. Pourquoi [ces débris] n'ont-ils pas été examiné de plus près ? Pourquoi les preuves importantes de ce qui aurait pu être une scène de crime – ou de ce qui était une scène de crime – ont été retirés le plus rapidement possible ?

Hamilton : Vous ne pouvez pas répondre à toutes les questions quand vous menez une enquête. Écoutez, vous devez vous souvenir que ce jour-là, le chaos et la confusion régnaient et l'unique souci des gens était de tenter de sauver autant de vies que possible, pas d'expliquer pourquoi un bâtiment précis s'est effondré. Donc il n'est pas étrange que nous, et la Commission – et n'importe qui d'autre, pendant qu'on y est – ne puissions répondre à toutes les questions. Je reviens sur ce que j'ai dit plus tôt : vous ne pouvez pas répondre à toutes les questions.

Solomon : Mais la Commission aurait-elle dû... Je devine la question que quelques personnes continuent de se poser, la Commission aurait-elle dû poser plus de questions sur le retrait des débris ?

Hamilton : Écoutez, vous pourriez dire cela à propos de presque toutes les phrases de notre enquête, "vous auriez dû demander ceci, vous auriez dû demander cela, vous auriez dû passer plus de temps à". Vous menez une enquête ; vous avez une limite de temps ; vous n'avez pas un temps illimité ; vous avez une limite de budget ; vous ne pouvez pas suivre toutes les pistes ; vous ne pouvez pas répondre avec certitude à chaque question.
Les membres des familles auxquels vous faisiez référence il y a une minute nous ont envoyé 150 questions – nous avons répondu à une majorité d'entres elles ; nous n'avons pas répondu à toutes. Dans une enquête, vous en arrivez à un point ou vous devez vous dire "quelle est notre responsabilité, avec les ressources dont on dispose ; que pouvons-nous faire ?" et vous finissez avec beaucoup de questions sans réponse. J'ai beaucoup de questions sans réponse à l'esprit vous voyez.

Couverture du livre de Thomas Kean et Lee Hamilton après la Commission, Sans précédent
« Sans précédent : l'histoire de la commission du 11/9 vécue de l'intérieur »,
le livre de MM. Kean et Hamilton.
(image ajoutée ainsi que les suivantes)

Solomon : Quelles sont les vôtres ? Quelles sont vos questions sans réponses ?

Hamilton : En haut de ma liste il s'agit d'une question personnelle. Je n'ai jamais pu comprendre pourquoi ces 19 types ont fait ce qu'ils ont fait. Nous avons étudié leur passé. Dans un ou deux cas, ils avaient l'air heureux, bien intégrés, pas particulièrement religieux – dans un cas l'un avait une petite-amie. Nous n'avons pas pu comprendre pourquoi il l'a fait. Je ne sais toujours pas. Et je pense qu'une des grandes questions sans réponse – un bon sujet pour des journalistes d'investigation – serait : pourquoi ces 19 ont-ils fait ce qu'ils ont fait ? Nous avons proposé des explications sur la haine que nos ennemis nous portent dans le rapport mais nous n'avons pas pu répondre à cette question pour les 19.

Solomon : Vous savez, concernant ce point – et encore, il y a tellement de questions sur les 19. Il y a eu des questions sur – et je parle de sources comme le London Times et Le Figaro, des journaux importants – le fait que plusieurs de ces types, plusieurs de ces pirates étaient encore en vie après le jour des évenements, qu'il y a des rapports sur leurs occupations. Que fait la Commission de ce genre de rapports ?

Hamilton : (Rires) Quelle est la preuve ? Écoutez, j'ai eu une femme qui est venue me voir et qui m'a dit être l'amante de Mohammed Atta. Et je lui ai demandé "savez-vous qu'il est mort ?" et elle a dit "je suis son amante" (haussement de sourcils). Vous avez toutes sortes de commentaires comme ça ; vous ne pouvez pas suivre toutes les pistes.

Solomon : Le NTSB [National Transportation Safety Board, Office national de sécurité dans les transports; NdT] a récemment publié la feuille de route du vol 93. L'une des choses intéressantes que cela a révélé était que, sur le trajet de vol, je pense que l'avion s'est écrasé, selon le rapport, à 10h03. Et cela montre une chose intéressante – qui est seulement déclassifiée depuis peu – l'avion volait bien au dessus de 10 000 pieds – 30 000, 40 000 pieds dès 9h30. Aujourd'hui, beaucoup des appels de portables qui ont été passés depuis cet avion, qui ont fini dans le film, venaient, vous le savez, de gens qui téléphonaient depuis l'avion. Et une affirmation qui est apparue récemment depuis la parution de ce rapport est la suivante : les téléphones portables ne marchent pas à une altitude de plus de 10 000 pieds. Alors comment des gens ont pu se servir de leurs portables dans l'avion et appeler leurs proches ?

Hamilton : Je ne suis pas un expert sur ce sujet. On m'a dit que les appels de portables marchaient parfois au-dessus de 10 000 pieds, et jusqu'à 30 000 pieds. Donc il est possible que certains des appels soient passés alors que d'autres non, je n'en sais rien.

Solomon : Laissez-moi vous demander autre chose. Je demande parce que, vous savez, en conséquence de cela, il y a beaucoup d'autres questions.

Hamilton : C'est sûr.

Solomon : L'observatoire terrestre Lamont Doherty de l'université de Columbia, qui est à environ 20 miles de New York, a publié un rapport sur les données sismiques venant de Manhattan ce jour-là. Et ils ont publié un pic dans les données sismiques à 8h46'26". Ils ont pensé qu'il s'agissait du moment de l'impact de l'avion sur la première tour du WTC, qu'il s'agissait d'American Airlines 11. Mais l'avion n'a pas heurté la tour avant 8h46'40" et il y a plusieurs pics en avance du même genre pour le second vol. Je pense que la question est : comment expliquer ces différences ? Lorsque le public s'y intéresse, comment expliquer ce genre de choses ?

Hamilton : Je n'ai pas vu ce rapport. Je ne connais pas la réponse à votre question. Il ne se sont pas présentés à nous avec cet indice pendant que nous étions encore dans la Commission – pour autant que je sache. Après, l'équipe a filtré beaucoup de choses de ce genre donc je n'en aurais pas forcément été informé. Je ne sais pas ce qui s'est passé au sujet du... Qu'ont-ils conclu ? Je ne sais pas ce qu'ils ont conclu.

Solomon : Ils n'avaient pas de conclusion ; les preuves attendent toujours. Vous parlez, dans le chapitre 12 du livre – et c'est encore une des affirmations qui remonte souvent – de ceux qui auraient eu une connaissance préalable des événements. Un des indices que beaucoup de critiques ont relevé est "il y a de très nombreuses options de ventes" – ce qui est une forme d'échange financier d'actions en Bourse. En d'autres termes, des gens achètent ces options de ventes, en espérant que l'action de la compagnie va sombrer et il y a un un nombre important et inhabituel d'options de ventes sur les actions d'American Airlines et de United Airlines. Il y a donc des gens qui en ont profité. Que faites-vous de cette théorie ?

Hamilton : C'est une théorie sur laquelle nous avons enquêté. Nous l'avons analysée soigneusement et tout ce que je peux dire pour l'instant, c'est que nous ne pensons pas que qui que ce soit ait profité des manipulations des actions des compagnies aériennes avant le 11 septembre. Il n'y a pas de preuves en ce sens, je ne pense pas.

Solomon : Même s'il y'a d'inhabituels et très hauts...

Hamilton : Exactement. Il n'est pas anormal dans le marché boursier d'avoir beaucoup d'activité sur une action donnée, ou une industrie, comme c'était le cas ici. La question est : est-ce que certains d'entres eux avaient une connaissance préalable et en a profité ? Nous ne le pensons pas ; nous l'avons étudié soigneusement.

Solomon : Certains affirment également que les services secrets pakistanais, appelés ISI, dont le chef était reçu ici aux États-Unis juste avant le 11 septembre, et il y a des affirmations et des preuves qui indiquent qu'il aurait versé 100 000 dollars à Atta. La raison pour laquelle c'est important est : qui a financé les gens qui ont conduit les attaques, les attaques terroristes ? Qu'a fait la Commission du paiement de 100 000 dollars de l'ISI vers Atta ?

Hamilton : Je ne sais rien de tout cela.

Solomon : Y a-t-il des liens entre... Est-ce que la Commission a enquêté sur des liens entre l'ISI, les renseignements pakistanais, et...

Hamilton : C'est possible ; je ne me souviens pas que l'on ait écrit quoi que ce soit à ce sujet dans le rapport. C'est possible mais je ne m'en souviens pas. Nous avons estimé que Osama Bin Laden a dépensé environ 500 000 dollars pour les attaques du 11 septembre. Nous n'avons pas identifié toutes les sources de cet argent.

Solomon : Et comment il est parvenu jusqu'aux...

Hamilton : C'est exact ; vous ne pouvez simplement pas le tracer, pour autant que je sache, parce que 500 000 dollars dans le marché boursier international, ça ne représente même pas un point clignotant sur un écran de radar. Donc nous ne savons pas précisemment d'où vient cet argent.

Solomon : Les questions à propos d'une connaissance préalable, spécialement concernant le moment où le vice-président Cheney a su, quand il est entré dans le bunker de protection : il a été suggéré que le secrétaire d'État aux transports Mineta a témoigné devant la Commission pour dire qu'il a parlé à Dick Cheney à 9h20. Cheney prétend qu'il n'était pas arrivé là-bas avant environ 10h. Ce fut finalement enlevé du rapport final. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce que le secrétaire d'État aux transports Mineta a dit à la Commission à propos de l'endroit où se trouvait Dick Cheney avant 10h ?

Hamilton : Je ne m'en souviens pas.

Solomon : Et nous ne savons pas exactement où cela...

Hamilton : Nous pensons que le vice-président Cheney est entré dans le bunker peu de temps avant 10h. Et il y a un trou de plusieurs minutes à ce moment-là, où nous ne savons pas ce que le vice-président a vraiment fait. Il y a ce fameux coup de téléphone entre le président et le vice-président. Nous n'avons pu trouver aucune preuve documentée de cet appel. Le président et le vice-président ont tous les deux dit que ce coup de téléphone avait eu lieu et que dans cet appel, l'ordre a soit disant été donné d'abattre un avion si nécessaire.
Il y a de nombreuses choses qui restent sans réponse à propos de cette période. L'ordre n'a jamais atteint les pilotes et quand il est arrivé jusqu'à eux, ce n'était pas à temps, ou ils prétendirent que ce n'était pas un ordre de destruction mais d'identification et de poursuite d'un avion, pas de l'abattre.
Ce que vous aviez ce jour-là, évidemment, c'était beaucoup de confusion et beaucoup de confusion dans les communications, dans les plus hauts niveaux. Quand le président quitta l'école de Sarasota pour Air force One, il tentait d'entrer en communication avec la Maison Blanche, il s'est servi d'un portable, en partie. Quand il arriva sur Air Force One, les communications ne marchaient pas si bien que ça. Tout cela est très étrange et on me dit que cela a maintenant été corrigé.

Solomon : Étrange dans quel sens ?

Hamilton : Eh bien, étrange parce que, à ce moment précis, en plein milieu d'une crise, le commandant en chef a perdu toute capacité à communiquer avec la Maison Blanche et avec ses conseillers en chef sur place – c'est très gênant. J'espère que cela a été corrigé ; on m'a dit que cela avait été fait. Mais le réel problème est que, si vous analysez complètement le 11 septembre, les communications de la FAA, les communications du NORAD, les communications de la Maison Blanche, il y avait juste beaucoup de confusion et beaucoup de "trous".

Solomon : Sinon, à propos de Mineta, parce que je pense que c'est intéressant, quand le secrétaire d'État Mineta est arrivé à l'audience de la Commission, je pense que c'était le 23 mai, et qu'il a dit être arrivé et avoir parlé à Dick Cheney à 9h20 – cela indiquerait que M. Cheney avait connaissance en avance des avions détournés et qu'il voulait prendre des mesures. Ce n'est pas...

Hamilton : Qu'a dit le secrétaire d'État au vice-président à ce moment là ?

Solomon : Ils ont parlé de l'avion qui était en train d'être détourné, selon le témoignage que j'ai vu, selon le rapport de Mineta. Mais il en existe un autre (témoignage) dans le livre de Richard Clarke "Against All Enemies", et je sais que Richard Clarke a pris sa déposition très au sérieux – en tout cas le fait de témoigner. Il dit avoir reçu l'autorisation d'abattre le vol 93 à environ 9h50. Dans le rapport de la Commission, cette autorisation n'a pas été donnée par Cheney avant 10h25 et le témoignage de Richard Clarke ou son livre ne sont pas mentionnés dans la Commission... Pourquoi n'avez-vous pas parlé de cela ?

Hamilton : Écoutez, vous semblez avoir parcouru le rapport avec une loupe ; vous soulevez beaucoup de questions – je peux faire la même chose...

Solomon : Ouais...

Hamilton : Tout ce que je veux venant de vous ce sont des preuves. Vous citez plein de choses, sans aucune preuve pour appuyer vos dires, pour autant que je sache.

Solomon : Non, je demande simplement pourquoi vous n'avez pas...

Hamilton : Je ne connais pas la réponse à votre question.

Solomon : Je pense que c'est en partie parce que...

Hamilton : Je ne peux pas répondre à toutes les questions qui ont un rapport avec le 11 septembre. Je peux répondre à une bonne partie d'entres elles, mais pas à toutes.

Solomon : Je veux bien le croire, M. Hamilton ; je ne pense pas que qui que ce soit s'attende à ce que vous ayez toutes les réponses.

Hamilton : Et bien, apparement c'est votre cas parce que vous avez posé des questions sur d'insignifiants détails venant d'une grande variété de sources. Vous voulez que j'y réponde entièrement ; je ne peux pas (rires).

Solomon : J'imagine que c'est en partie parce que je veux savoir, pas forcément la réponse, mais si la Commission à étudié les sujets/débats qui allaient rentrer dans le rapport. Et bien sûr, ce que nous essayons de comprendre c'est si la Commission a simplement dit "vous savez, pour ces choses... il y avait de grosses quantités de données, et nous ne pouvions pas tout faire apparaître".
Donc, je suppose qu'à l'approche du 5ème anniversaire de ce jour, et s'agissant du document le plus complet sur ce sujet dont le public dispose, qu'il y a de nombreuses questions sur les critères qui vous ont fait choisir d'entendre tel ou tel sujet puis de l'ajouter ou non au rapport. Et cela, selon moi, représente la nature de ces questions.

Hamilton : Ouais. De nombreux sujets qui ont été portés à l'attention de l'équipe n'ont pas été transmis à la Commission. Certaines choses sont parvenues jusqu'à la Commission mais nous ne les avons pas incluses, ou alors à un moindre degré. Mais la plupart des sujets ne sont pas parvenus directement jusqu'à moi.

Thomas Kean et Lee Hamilton, co-présidents de la Commission d'enquête sur le 11 septembre 2001
Lee Hamilton (D) et Thomas Kean.

Solomon : Dans votre livre, vous nous expliquez que l'un des objectifs principaux était d'être aussi ouvert et transparent que possible, car vous dites "sans lumière, les adeptes de la théorie du complot se bousculent".

Hamilton : C'est exact.

Solomon : Pourtant, un point sur lequel vous nous éclairez beaucoup – et vous en parlez également dans le livre "Sans précédent" – semble attirer beaucoup d'adeptes de la théorie du complot, comme vous les appelez : il s'agit de l'avion qui a heurté le Pentagone. Comme nous le savons tous les deux, il existe un certain nombre de publications qui indiquent que le trou dans le Pentagone était trop petit pour accueillir un tel avion – vous savez, 125 pieds d'envergure, 40 pieds de haut – et qu'il s'agissait d'un missile. Qu'avez-vous fait – qu'a fait la Commission – en entendant ce genre d'idée ; comment les avez-vous considerées et quelle enquête s'est concentrée sur le sujet ?

Hamilton : Eh bien, nous avons dit qu'un avion avait heurté le Pentagone. Et nous avons dit que le carburant de l'avion avait provoqué la majorité des dégâts et des pertes. Un membre de l'équipe a été sévèrement brûlé, brûlé par du carburant d'avion et comme vous le savez, le carburant provoque un genre particulier de brûlure et ces brûlures venaient de carburant d'avion. Donc toutes nos preuves indiquent qu'un avion s'y est encastré, et c'est ce que les témoins que nous avons vu ont dit.

Solomon : Et vous savez, cet argument – et c'est peut-être l'une des théories les plus populaires, vous la voyez partout – selon lequel des rapports venant du Pentagone stipulaient qu'il n'y avait absolument aucun débris, que l'avion s'était littéralement vaporisé/désintégré à l'intérieur du Pentagone. Pour ces gens, ces gens parmis nous qui ont déjà vu des accidents d'avions, cela semblait plutôt difficile à croire parce qu'il y avait cet avion énorme. Et la manoeuvre que le pilote est censé avoir faite, vous savez, pour réussir à l'atteindre, semble époustoufflante. Qu'a fait la Commission de ce débat en tant que tel et de tout ce qui l'entoure ?

Hamilton : Nous avons pensé qu'il s'agissait d'un avion.

Solomon : Directement ?

Hamilton : Directement.

Solomon : Y-avait-il des débris ?

Hamilton : Selon mes souvenirs, la réponse est oui. Y-avait-il beaucoup de débris ? Je ne pense pas. Dire qu'il n'y avait pas de débris ne correspond pas à mes souvenirs ; ce n'est pas ce dont je me souviens ; je pensais quelques débris. Mais vous savez, vous avez relativement peu d'expérience avec des avions remplis de carburant qui se crashent et avec la reconstruction exacte de ce qui s'est passé au moment du crash. Nous avons fait du mieux possible. Nous avons pensé qu'il s'agissait d'un avion.
Il y avait un certain nombre de témoins, bien sûr, qui ont vu l'avion heurter le Pentagone, un certain nombre, par exemple, qui étaient en train de conduire sur la route – dont j'ai oublié le nom/numéro – pour qui l'avion est passé au-dessus de leur voiture avant de s'écraser sur le Pentagone, et ils ont arrêté leur voiture et ont vu l'avion s'écraser dans le Pentagone – il ne s'agit pas d'un seul mais d'un certain nombre de témoins occulaires. Nous nous sommes appuyés là-dessus, bien sûr.

Solomon : Vous savez, quand vous... Vous avez parlé avec la plupart de ces témoins, votre Commission a entendu les témoignages de toutes sortes de gens différents. Donc lorque vous entendez ces rumeurs comme quoi il existe des rapports conflictuels de témoins, que le FBI a confisqué des enregistrements de la station service de l'autre coté de la route, qui l'a soit-disant vu dans la journée, que certains des témoins ont disparu, que faites-vous de ce genre de...

Hamilton : Je ne crois pas une seconde que nous ayons raison sur tout. Nous avons écrit une première version de l'histoire. Nous l'avons écrite en peu de temps, avec une pression importante, et nous avons fait le tri entre les indices aussi bien que nous le pouvions.
Il serait plutôt remarquable que nous ayons tout juste. Jusqu'ici, sur les choses qui ont été remontées pour contredire le rapport, à ma connaissance nous avons plus de crédibilité que les contradicteurs. Mais je ne voudrais pas suggérer pour autant que nous avons toujours raison, que ce soit dans le passé ou dans le futur. Des gens vont enquêter sur le 11 septembre pendant les 100 prochaines années dans ce pays et ils trouveront des choses que nous avons oubliées.
Donc je ne rejette pas automatiquement tous les indices que vous citez. Il se peut que nous les ayons manqués ; il est possible que nous les ayions ignorés quand nous n'aurions pas dû – je ne pense pas que ce soit le cas, mais c'est possible.

Solomon : Vous écrivez... Le premier chapitre de votre livre est "La Commission était préparée pour échouer" – mon Dieu, pour les critiques – qui suggèrent qu'elle a effectivement été préparée pour échouer afin d'entourer l'enquête d'une zone d'ombre. Vous avez certainement balancé un bel appât dans la rivière. Pourquoi pensez-vous avoir été préparé à l'échec ?

Hamilton : Eh bien, pour un certain nombre de raisons : Tom Kean et moi n'étions que des remplaçants – Henry Kissinger et George Mitchell furent les premiers choisis ; nous avons commencé tard ; nous avions une période de temps très limitée – d'ailleurs nous avons dû la faire prolonger ; nous n'avions pas assez d'argent – 3 millions de dollars pour mener une enquête approfondie. Nous avions besoin de plus ; nous avons eu plus, mais cela nous a pris du temps.
Il y avait beaucoup de sceptiques à ce moment-là qui ne voulaient pas que la Commission se crée. Les politiques n'aiment pas que quelqu'un regarde en arrière pour voir si ils ont commis des erreurs.
La Commission devait établir un rapport juste, seulement quelques jours avant que la convention nationale des démocrates n'ait lieu, en d'autres termes, en plein milieu d'une campagne politique. Beaucoup de gens étaient fortement opposés à notre démarche. Nous avons eu beaucoup de mal à accéder à des documents ou à des gens. Nous connaissions l'histoire des Commissions ; l'histoire des Commissions où ils... personne n'y prêtait vraiment attention.
Il y avait donc différentes raisons qui nous laissaient penser que nous étions préparés pour échouer. Nous avons décidé que si nous voulions avoir une quelconque chance de succès, il nous faudrait un rapport unanime, autrement le rapport de la Commission aurait simplement été archivé.

Solomon : Je suppose que la question est, vous savez, si 40 millions de dollars ont été dépensés pour enquêter sur les infidélités sexuelles du président Bill Clinton, pourquoi le peuple américain et le monde doit attendre 441 jours pour qu'une Commission avec un budget initial de 3 millions de dollars et une durée limite d'à peine un an, et comme vous l'écrivez et le documentez si bien dans votre livre, qui était... a dû se battre pour obtenir des accès ou même pour se servir de son droit de convocation, de peur qu'il y ait un retour de flamme sur la Commission. Je veux dire, un événement aussi apocalyptique que le 11 septembre, cela soulève la question : "pourquoi l'administration a autant rechigné à financer cela ? Et ensuite le Congrès, si peu enclin à donner de l'argent, vous a laissé "jouer les pingres" pour en faire plus ?"

Hamilton : (Rires) Je pense que c'est parce qu'ils avaient peur qu'on finisse par pendre quelqu'un, qu'on montrerait du doigt, en plein milieu d'une campagne présidentielle – "M. Bush c'était de votre faute" – ou même Clinton. Le président Clinton appréhendait également ce rapport.
Maintenant, j'aimerais dire que par la suite, les deux présidents ont coopéré mais cela a pris un certain temps. Et il n'est pas si surprenant pour moi de voir qu'ils étaient sceptiques. Une Commission qui est créée ne gagne pas automatiquement une certaine crédibilité ; nous devions y travailler, nous devions émettre de nombreux rapports qui furent reconnus, heureusement, comme ayant été fait d'une manière professionnelle et sérieuse – et pas pour pendre qui que ce soit.

Solomon : Désolé mais pourquoi pas pour pendre qui que ce soit ? Cette notion "ils ne voulaient pas qu'on pointe du doigt", que vous n'étiez pas là pour "pendre qui que ce soit"... Bon dieu, je pensais que les familles demandaient : "trouvons, non seulement ce qui s'est passé, mais aussi qui est responsable " ? Vous savez, ce fameux témoignage de Richard Clarke devant votre Commission, quand il a déclaré "je vous ai déçus". Est-ce que des gens ne voulaient pas que vous pointiez du doigt et que rendiez quelqu'un responsable ?

Hamilton : Oui, je pense qu'ils le voulaient. Et nous disons, dans le livre, qu'il y avait une soif de (recherche de) responsabilités. Ceci étant dit, une partie de cette soif était simplement de raconter l'histoire. Cet événement traumatisant s'est produit et ils voulaient savoir pourquoi il s'était produit, et nous avons tenté de l'expliquer du mieux que nous pouvions.
Le gouvernement n'est pas très doué pour regarder en arrière et s'auto-critiquer et l'une des choses qui n'a cessé de nous impressionner, alors qu'on parlait aux agences les unes après les autres, est la suivante : ils ne s'étaient pas vraiment rencontrés pour cogiter sur ces évenements. Nous avons critiqué le comportement de presque toutes les agences, concernant le fait qu'ils ne regardaient pas en arrière en se demandant ce qui n'allait pas. Je pense donc qu'il s'agit d'un facteur important dans un gouvernement, et...

Solomon : Cela suggère également, je veux dire il y a ce facteur – mais vous savez, ce que le public a souvent... encore une fois, je parle des familles du 11 septembre, qui ont été si utiles pour obtenir la création de la Commission.

Hamilton : C'est exact.

Solomon : Ils disaient, "écoutez, une des raisons pour lesquelles ils ne sont pas financés et pour lesquelles c'est arrivé si tard, est que quelqu'un a quelque chose à cacher".

Hamilton : Il y a... eh bien, beaucoup de gens ont quelque chose à cacher.

Solomon : Et bien qui dans ce cas ?

Hamilton : Ecoutez, vous pouvez parcourir la liste et vous pourrez probablement identifier une centaine de personnes qui ont fait des erreurs ce jour-là. Celui qui vérifiait les billets à l'aéroport Logan de Boston ; l'agent des douanes qui a laissé passer ces types, pas une mais plusieurs fois, jusqu'à Bill Clinton ou George Bush.

Solomon : Quelles étaient leurs erreurs ?

Hamilton : Ils n'ont pas fait assez attention au terrorisme. Ils ne l'ont pas traité avec assez d'importance. Ils ne l'ont pas vraiment anticipé, même si il y avait de nombreux échos. Vous avez mentionné Richard Clarke plusieurs fois qui leur demandaient clairement de "s'y mettre" – il a travaillé pour les deux présidents.
Nous avons décidé deux choses : le mandat de la Commission ne nous demandait pas d'identifier des individus et ne comportait même pas le terme de "responsabilité". Nous ne voulions pas dépasser nos attributions.
Deuxièmement, ce qui selon nous était vraiment important dans tout cela, ce n'était pas tant qu'une personne ait failli à sa responsabilité, quelle qu'elle soit, mais plutôt qu'il y avait des problèmes d'organisation au sein du gouvernement que nous pensions vraiment devoir identifier et corriger.
Nous pensons que si nous avions abordé l'identification de la centaine d'individus qui ont fauté avant ou pendant le 11 septembre et qui n'ont pas fait leur boulot d'une manière responsable, nous aurions dépassé nos attributions ; nous aurions détruit toutes opportunités d'un jugement unanime parce que la Commission aurait perdu son temps à déterminer qui de Jim Smith ou de Sally Jones a fait correctement son travail, et c'est une tâche sans fin.

Les membres de la Commission d'enquête sur le 11 septembre 2001 (Kean et Hamilton devant)

Les membres de la Commission :
en haut, Ben-Veniste, Lehman, Roemer, Thompson, Kerrey, Gorton ;
en bas : Fielding, Hamilton, Kean, Gorelick.

Solomon : Rétrospectivement, l'une des critiques que vous formulez dans votre livre "Sans précédent" cible la FAA et le NORAD, pour lesquelles des représentants ont témoigné devant la Commission. Les deux vous ont fourni ce qui pour moi – je suis autorisé à être moins poli que vous – ressemble fortement à des mensonges. Ils vous ont dit, ils ont témoigné... que les cassettes qui étaient... qui ont été diffusées, n'étaient simplement pas vraies.


Hamilton : C'est exact.

Solomon : Et il ne s'agissait pas simplement de mensonges par omission mais dans un certain sens de mensonges de Commission : ils vous ont dit des choses qui ne se sont en faites jamais produites. Qu'en pensez-vous ?

Hamilton : Eh bien, je pense que vous avez raison. Ils nous ont donné de fausses informations. Nous avons demandé beaucoup d'éléments et beaucoup de documents. Ils ne nous ont pas tout fourni. Ils nous ont donné quelques trucs. Nous avons envoyé du personnel dans leurs quartiers généraux. Nous avons identifié bien plus de documents et de cassettes, qu'ils ont fini par nous donner. Nous avons dû émettre une injonction à comparaitre [subpoena = injonction à comparaître, mais peut-être un double sens avec mandat (de perquisition) ; NdT] pour les obtenir.
Finalement, ils nous ont dit que nous avions la bonne histoire, qu'ils avaient tort. Cela a pris du temps avant d'en arriver là mais nous y sommes finalement parvenus. Nous ont-ils menti ou s'agissait-il d'une erreur ? Nous ne sommes pas une agence de maintien de l'ordre nous n'avions pas ce genre d'autorité, pour en revenir au mandat. Nous avions tous nos soupçons sur ce point mais nous n'avions pas le personnel et nous étions en train de nous battre avec les délais lorsque cette affaire est apparue et nous n'avions pas le temps de dire que ces agents avaient menti volontairement.
Nous avons donc dit : "on ne peut pas faire ça ; nous n'avons pas l'autorité nécéssaire ; nous n'avons pas le personnel ; nous n'avons pas le temps". Nous raconterons l'histoire telle que nous l'avons comprise – ils nous ont trompés. Était-ce volontaire ? Nous ne le savons pas. Nous laisserons cela aux autorités, et c'est ce que nous avons fait.

Solomon : Et ils enquêtent ?

Hamilton : Ils sont toujours en train d'enquêter.

Solomon : Les transcriptions de ce qui s'est passé au NEADS, la défense aérienne du Nord-est, rendues disponibles récemment, dévoilent une surprenante image de confusion.

Hamilton : Je pense que le mot est juste : une énorme confusion. Deux des avions qui se sont crashés n'ont jamais été identifiés. À un moment donné, les avions militaires américains étaient à la poursuite d'un avion fantôme au-dessus de l'océan Atlantique ; ils étaient, pour ainsi dire, dirigés dans la mauvaise direction.
Les militaires ont eu très peu d'avertissements. Je dirais 2 minutes sur un avion et 11 minutes sur l'autre, si mes souvenirs sont bons, et le problème ici c'est que, dans un sens, notre première ligne de défense n'a pas fonctionné.

Solomon : L'histoire est ainsi faite – et encore, et je parle de ces sondages, 42% d'américains – que votre rapport a particulièrement... et d'éléments non négligeables qui ont été mis à disposition, des cassettes venant d'endroits comme le NORAD, les systèmes de la défense aérienne, suggèrent un échec total de notre première ligne de défense, ce qui revient à de l'incompétence et de la confusion, ce qui a mené à l'absence de prévention lors de ces évenements.

Hamilton : Ouais.

...

Solomon : Que se passe-t-il quand vous allez sur ces émissions, que vous parlez de ça et que vous avez toutes [ces questions] – parce que vous savez que le paysage en est maintenant rempli. Que dites-vous de tous ces rapports qui ne cessent de sortir ?

Hamilton : Je pense que les gens ne comprennent pas à quel point il est compliqué de mener une enquête importante et à quel point c'est difficile, dans un événement de ce genre, de chercher toutes les réponses à chaque question, et...
Écoutez, je peux aller devant n'importe quel public en Amérique aujourd'hui et je peux soulever tellement de questions sur le 11 septembre – soulever des questions, pas y répondre, soulever des questions – à propos de l'enquête. Et tout le monde dans le public repartira en se disant "Le gouvernement nous a trompé ou menti" ; c'est très facile à faire ! Je peux soulever des questions sur notre propre rapport !

Solomon : Comme quoi, que soulèveriez-vous ?

Hamilton : Eh bien, comme je viens de le dire, à propos des 19 pirates, nous n'avons pas répondu à cette question.
Nous devions raconter cette histoire du mieux que nous le pouvions, et nous l'avons fait, et nous avons émis de nombreux jugements sur la crédibilité des indices. Avons-nous eu raison à chaque fois ? J'en doute. Avons-nous eu raison dans la majorité des cas ? C'est ce que je pense.
Je ne suis pas au courant, aujourd'hui, de l'existence d'une seule erreur factuelle dans notre rapport pour laquelle je pourrais dire "nous l'avons complètement raté". Après, j'ai peut-être besoin de le relire plus calmement mais je ne peux pas me souvenir actuellement d'un seul fait que nous ayons complètement manqué.

Solomon : Pas que vous ayiez eu tort, mais les faits qui ont été omis ?

Hamilton : Et bien, je sais qu'il reste beaucoup de questions auxquelles on n'a pas pu répondre concernant les activités de la FAA, du NORAD et de la Maison Blanche, ainsi que plein d'autres choses ; nous ne pouvons simplement pas y répondre.

Solomon : Rétrospectivement, y a-t-il quoi que ce soit... je veux dire, votre délai était si serré, et vous dites que cela vous a forcé à prendre des décisions très dures concernant la portée de l'enquête. Retrospectivement, si vous aviez eu plus de temps, sur quoi auriez-vous enquêté plus en profondeur ?

Hamilton : J'aurais, je pense que nous avons passé... Si je devais critiquer le travail de la Commission... Je pense que nous avons passé bien trop de temps à régler les questions d'accès. J'aurais aimé qu'on en ait fini avec ça, disons, dans la première moitié du travail de la Commission afin que l'on aie pu passer plus de temps à constituer l'histoire, peut-être tenter de répondre à quelques-unes des questions que vous soulevez et auxquelles je ne peux pas répondre – et améliorer les recommandations.
Mais vous ne pouvez... Tout ne se passe pas comme vous le voulez et nous nous battions pour des questions d'accès jusqu'à la fin du travail de la Commission.

Solomon : Une dernière chose avant de partir : vous avez fait témoigner ensemble le vice-président Dick Cheney et le président George Bush – pas sous serment, sans aucune transcription qui serait rendue publique. Beaucoup de membres des familles, ainsi que beaucoup dans le public ont pensé : "tellement d'autres gens ont témoigné sous serment ; tellement d'autres gens ont eu un témoignage rendu public ; pourquoi pas le président et le vice-président ?" Là encore, on dirait qu'ils essayent de camoufler ou cacher quelque chose. Qu'en pensez-vous ?

Hamilton : Je ne me souviens pas d'un moment où un président des États-Unis, dans une affaire non criminelle, ait témoigné sous serment. Je me souviens quand on a demandé au président Johnson de témoigner sous serment devant la Commission Warren, il a carrément répondu : "je ne vais pas le faire. Les présidents des États-Unis ne font pas ce genre de chose".

Solomon : Il a écrit une lettre de 3 pages.

Hamilton : Il a écrit une lettre. Nous avons demandé au président Bush et au vice-président Cheney de témoigner, ils ont dit non. Nous avons rééssayé, nous avons dit : "écoutez, nous n'aurons aucune crédibilité en tant que Commission si vous ne témoignez pas devant nous".
Ils y ont réfléchi. Ils sont revenus nous voir et nous ont dit : "nous allons vous parler – Tom Kean et Lee Hamilton – mais à aucun autre membre de la Commission." Nous avons dit que ce n'était pas suffisant : "vous devez vous adresser aux 10 membres de la Commission". Je rentre dans ces détails pour vous montrer qu'il y a eu de longues négociations sur ce sujet.
Finalement, ils ont dit qu'ils allaient tout les deux témoigner, pas témoigner mais nous rencontrer – les 10 membres de la Commission – à la Maison Blanche. Il y aurait des preneurs de notes mais pas de transcriptions emmenées. Tom et moi avons demandé : "pouvons-nous obtenir les informations dont nous avons besoin avec cet arrangement ?" Nous y avons répondu oui.
Pendant la vraie rencontre avec le président et le vice-président, ils ont été extrêmement coopératifs. Le président est resté assis là pendant 4 heures et a répondu à nos questions.
À un moment, Tom Kean a interrompu un des membres de la Commission, Richard Ben-Veniste, comme nous le racontons dans le livre, et a dit : "Richard, nous devons respecter le temps du président". Et le président a répondu : "écoutez, c'est moi qui dirige ici, je prendrai le temps ; laissez Richard poser ses questions".
Nous avons pensé avoir eu une période de temps très étendue avec le président. Il était totalement franc. Il a presque été le seul à parler. Le vice-président Cheney n'a parlé que de ce qui concernait la Maison Blanche le jour du 11 septembre, puisque le président n'y était pas, et il(s) a(ont) répondu à toutes nos questions – et nous en avions beaucoup.

Solomon : Auriez-vous souhaité qu'il y ait une transcription de cela ?

Hamilton : Si cela avait dépendu de nous, y aurait-il une transcription publique ?
Cela ne me pose pas de problème, mais c'était une décision de la Maison Blanche.

Solomon : J'aimerais juste clarifier une chose que vous avez dite plus tôt. Vous avez dit que le rapport de la Commission mentionnait le bâtiment 7 du WTC. Est-ce le cas ou non ?

Hamilton : La Commission a analysé la question de l'effondrement du bâtiment 7. Je ne sais pas spécifiquement si c'est dans le rapport ; je n'arrive pas à me rappeler si ça y est, mais c'est...

Solomon : Je ne pense pas que cela figure dans le rapport.

Hamilton : Ok, je vais donc accepter votre parole sur ce point.

Solomon : Y a-t-il eu une décision de ne pas le faire figurer dans le rapport ?

Hamilton : Je ne me rappelle pas qu'il y ait eu une discussion spécifique sur le bâtiment 7 et que nous ayons décidé de ne pas parler du bâtiment 7 dans le rapport. Donc je suppose que le rapport a été écrit sans aucune mention du bâtiment 7, parce que toute l'attention, bien évidemment, se portait sur les tours.

Solomon : Et les boîtes noires des avions : une partie des preuves sur lesquelles on m'interroge tout le temps, est : les 3 dernières minutes de la boîte noire du vol 93 n'ont pas été rendues publiques ou sont manquantes, ou je ne sais pas ce qu'il se passe. Y a-t-il eu des discussions concernant ce qui s'est passé pendant ces 3 dernières minutes ?

Hamilton : Je ne me rappelle d'aucune référence aux boîtes noires.

Solomon : Ont-elles toutes été retrouvées ?

Hamilton : Je n'en sais rien, honnêtement ; je n'en sais rien.

Solomon : M. Hamilton, je voudrais vraiment vous remercier pour avoir pris le temps...

Hamilton : C'est normal, monsieur.

Solomon : ... Et pour nous avoir parlé du livre. Au fait, quelle est la réaction des familles concernant ce livre ?

Hamilton : Et bien, les familles représentent beaucoup de gens différents. Beaucoup d'entre eux ont été très enthousiastes. Je crois qu'un livre très critique du travail de la Commission est sur le point de sortir.
Vous trouvez toutes sortes de réactions parmi les familles : certains veulent juste oublier toute l'histoire et continuer leur vie – les gens réagissent différement face à une tragédie. D'autres, comme vous le savez, ont vraiment soutenu la Commission. Certains ont d'abord soutenu la Commission puis sont devenus critiques de ce que nous avons fait, et ils ont fini par ne pas apprécier nos recommandations – je ne sais pas s'ils critiquaient vraiment le rapport en lui-même. Mais tout le monde a... Quand vous dites "les familles", cela regroupe beaucoup d'attitudes et de points de vue différents.

Solomon : Qu'est-ce qui vous maintient toujours éveillé la nuit, concernant le 11 septembre ?

Hamilton : Pas grand chose, je concentre maintenant mon attention sur la sécurité intérieure et beaucoup de choses me dérangent dans ce domaine.

Solomon : Merci beaucoup.

Hamilton : Pas de quoi.


Traduction et correction par Rand et DJDaveMark





Ajout

par Y.D.

Et je ne peux m'empêcher d'ajouter : voici ce que le Mouvement pour la vérité pense du rapport de la Commission – ceci étant donc corroboré par Hamilton lui-même !

Rapport de la Commission troué