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Bush finance un logiciel pour traquer la presse anti-américaine

Lexpansion.com

par L'Expansion
le 10 octobre 2006

Salle informatique, ordinateurs
(image ajoutée)

Les États-Unis financent le développement d'un logiciel capable de détecter les opinions exprimées contre eux dans des articles de presse parus à l'étranger. Une arme dans la lutte anti-terroriste qui inquiète les associations de défense des libertés.


S'il n'était pas question de sûreté nationale, cela se résumerait à une bonne crise de parano. Soucieux de protéger leur territoire, les États-Unis financent depuis l'été le développement d'un logiciel capable d'analyser les opinions exprimées sur eux dans les journaux ou d'autres publications à l'étranger, et bien sûr Internet. Le but : jauger la dangerosité de ces propos pour déceler le plus tôt possible les menaces qui pèsent sur un pays en guerre contre le terrorisme. Trois universités américaines – Pittsburgh, Cornell et Utah – ont reçu du ministère de la Sécurité intérieure une enveloppe de 2,4 millions de dollars sur trois ans. « Leur objectif est de développer des logiciels plus simples et plus efficaces, des algorithmes et des architectures mathématiques pour qu'ils soient utilisés dans une vaste gamme d'applications informatiques », explique Christophe Kelly, un porte-parole du ministère. Mais la mise au point pourrait prendre des années.

Théoriquement, le programme pourra distinguer chaque nuance d'un article, de la haine à l'admiration. Un véritable défi pour les scientifiques qui s'essayent depuis des décennies à l'analyse informatique du langage humain et des sentiments. Pour s'aguerrir, l'université de Pittsburgh confrontera donc son logiciel à plus 270 000 articles parus entre juin 2001 et mai 2002 qui évoquent plusieurs sujets chauds, comme les discours de Georges Bush sur l'axe du mal, les détentions de détenus à Guantanamo, la ratification du protocole de Kyoto... Une fois sa fiabilité assurée, le logiciel notera chaque opinion détectée dans la presse. Un article clairement anti-américain pourra ainsi se retrouver rapidement sur le bureau des officiels.

Mais le système ne se limitera pas à cette classification au coup par coup. En principe, le gouvernement américain pourra aussi sélectionner dans les archives toutes les données d'une source précise, qu'il s'agisse d'un forum de discussions, d'un organe de presse (180 dans le monde sont analysés pour l'instant)... ou d'un journaliste. Ce qui ne manque pas de susciter la polémique chez les associations de défense des libertés de la presse, qui craignent de voir certains journalistes catalogués « anti-patriotes ». La loi interdit de constituer des données personnelles sur des citoyens américains, rétorque le ministère. En revanche, rien n'interdit les journalistes étrangers et, plus largement, toute parution, y compris américaine, d'être la cible du futur Big Brother de la revue de presse.


L'Expansion