11-Septembre

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Élections étasuniennes de 2004 :
Une élection ? Non, encore un coup de la CIA


par Webster G. Tarpley
Historien
extrait de son livre "La terreur fabriquée, Made in USA", décembre 2004

Affiche "La majorité c'est vous" devant un troupeau de moutons

Dans les mauvaises dictatures, le président-dictateur est élu avec 98% des voix. Dans les dictatures modernes, il est élu à 51% contre 49 au lieu de 49% contre 51 ! Les élections étasuniennes de 2004 furent truquées comme jamais : tous les procédés classiques et électroniques furent utilisés – avec succès – pour éviter une défaite à George W. Bush. De ces procédés, voici le plus spectaculaire. [Y.D.]


Tout porte à croire que si le décompte des voix avait été honnête, Bush aurait perdu [...]. Le jeudi suivant le vote, Greg Palast rédigea un article fort utile intitulé « Kerry a gagné » qui fut publié sur TomPaine.com. Palast y disait que Kerry était le véritable gagnant dans l'Ohio et au Nouveau-Mexique, entre autres États. [...] Palast se focalisa [...] sur [les] formes traditionnelles et structurelles de fraude typiques des 40 dernières années depuis que William Rehnquist avait commencé à harceler les électeurs hispaniques. Mais la fraude de 2004 n'était pas une fraude à la papa. Il s'agissait d'une version moderne et high-tech, qui n'aurait pas pu voir le jour sans l'implication totale des services secrets.

Livre La terreur fabriquée made in USA, par Webster G. Tarpley
“La terreur fabriquée, Made in USA”, de Webster G. Tarpley

Dans l'après-midi du jour des élections, le sentiment anti-Bush fut renforcé par des fuites de sondages aux sorties de urnes indiquant que Bush était en train de perdre. Ces sondages étaient conduits par Edison Media Research avec Mitofsky International sur demande du Pool électoral national (NEP), nom usuel du consortium des chaînes de télévision et AP (Associated Press). Selon un article, « [...] Slate.com et le Drudge Report claironnaient ainsi dans l'après-midi que les premiers sondages indiquaient que Kerry avait 1% d'avance en Floride et dans l'Ohio et qu'il menait largement en Pennsylvanie, dans le Wisconsin, le Minnesota et le Michigan... Tim Russert de la NBC releva que Kerry avait reçu les voix de 6 électeurs indépendants sur 10 dans l'Ohio. » (Washington Post, 3 novembre 2004)
Tandis que ces résultats voguaient sur la blogosphère, de plus en plus de gens eurent l'impression de Bush allait perdre. Dans un article écrit le soir après la clôture du scrutin, on lit : « selon les sondages du NEP à la sortie des urnes, Bush semble avoir beaucoup de mal à garder la présidence et à éviter le sort de son père non réélu pour un second mandat. [...] » (Washington Post, 3 novembre 2004)
C'est aussi ce que pensaient Bush et son entourage. Le Président commença sa journée à Crawford (Texas), son lieu de vote. Puis il se rendit à un rassemblement dans l'Ohio [et enfin] s'envola vers Washington. Une version dit : « ce fut dans l'avion que le stratège Karl Rove se mit à appeler partout pour avoir les résultats des derniers sondages. Mais la ligne ne cessait d'être coupée. Ce n'est que lorsque l'avion commença à perdre de l'altitude que parvint un message BlackBerry de la part d'un assistant qui disait simplement : "pas bon". » Peu après, Rove put se faire un tableau plus détaillé et annonça la mauvaise nouvelle au président et à ses principaux assistants. Le gouverneur de Floride, Jeb Bush, avait dit que la situation semblait bonne ; l'équipe Bush espérait être en tête dans l'Ohio. Mais Kerry était en tête partout. « J'avais envie de vomir », dit un assistant dans l'avion... [...] Quand les vrais résultats commencèrent à tomber à 20 heures, [le stratège en chef Matthew] Dowd vit qu'en Caroline du Sud, en Virginie et en Floride, les chiffres correspondaient aux attentes des républicains : le Président avait dépassé les sondages. « Il faut aller parler à la presse. Les sondages se trompent », dit Dowd (Time, 15 novembre 2004).
L'après-midi avait été dur ce jour-là pour le camp Bush. « Les sondages décourageants affluaient au QG d'Arlington, les stratèges qualifiaient en privé les résultats de cataclysme... [...] Mais ils commencèrent à dire aux journalistes et aux principaux soutiens que les sondages de sortie des urnes s'étaient trompés en 2000 et à assurer que les résultats de Bush étaient meilleurs que cela. Bush fit venir des journalistes dans sa résidence de la Maison Blanche vers 21h37 pour tenter de réconforter ses troupes. "Nous sommes très optimistes. Merci. Je crois que je vais gagner, merci beaucoup." Cette mise en scène était destinée à donner une image de confiance après cette journée pénible à la Maison Blanche. » (Washingon Post, 3 novembre 2004)
Un autre compte-rendu corrobore ce récit. « J'ai vu la tête [de Rove] et le téléphone s'est arrêté », déclara Dan Bartlett, directeur de la communication de la Maison Blanche. « Il a dit "pas bon". "C'était comme un coup de poing dans le ventre", ajouta Bartlett. Rove raconta les moments vécus dans l'avion présidentiel lors d'une interview : "... J'étais malade. Mais ensuite, je me suis mis en colère en voyant les chiffres. Ça n'avait aucun sens." Bien sûr, ces sondages à la sortie se sont révélés faux. » (Washington Post, 7 novembre 2004) Mais les sondages n'étaient pas faux. tout montre qu'ils représentaient un baromètre très précis de l'état d'esprit des citoyens au moment de quitter les bureaux de vote où ils croyaient avoir voté. La différence entre les sondages de sortie des urnes et le résultat final est dû à la marge des fraudes.

La fraude électorale électronique et cybernétique, telle que pratiquée par la machine CIA-Bush, comporte habituellement une panne d'ordinateur au beau milieu de l'action [...]. En 2002, « une panne d'ordinateur a rendu impossible la diffusion des résultats le jour des élections. Le mardi [2 novembre 2004], de nouveaux problèmes sont apparus : pendant 2 heures ?, il y eut une panne de données et des échantillons qui tantôt comportaient trop de femmes, tantôt trop peu de données de l'Ouest, tantôt pas assez de Républicains, tantôt une avance pour le candidat démocrate John Kerry dans le sondage national, et ce, jusque tard dans la nuit. Par deux fois, le soir des élections (pour les résultats de Virginie et de Caroline du Sud), les chaînes ne furent pas en mesure de donner le gagnant à la fin du scrutin parce que les sondages de sortie des urnes montraient que les deux candidats se suivaient de trop près, alors que pour finir, Bush l'emporta haut la main dans ces deux États », écrivit un journaliste.
« Des vagues successives de résultats nationaux de sondage de sortie des urnes dans l'après-midi et la soirée ont dit que Kerry devait avoir 2 ou 3% d'avance au plan national et dans plusieurs États importants, l'Ohio compris. Les résultats des sondages préliminaires de sortie des urnes, qui avaient transpiré tout au long de la journée, furent affichés sur plusieurs sites web, dont le site Drudge Report, très fréquenté, ce qui ajouta à la confusion et alimenta la frénésie des médias. »
C'est alors que survint l'incontournable panne informatique , généralement utilisée pour camoufler un bidouillage des données existantes : « pour compliquer encore les choses, un serveur chez Edison/Mitofsky se mit à avoir des ratés peu avant 23 heures. La défaillance empêcha l'accès à tous les résultats de sondages de sortie des bureaux de vote jusqu'à ce que les techniciens puissent rendre opérationnel un système de remplacement, hier à 1h33 du matin. Le crash survint à peine quelques minutes avant que le consortium ne mette à jour ses sondages de sortie des urnes en s'aidant des résultats d'interviews postérieurs qui donnaient un point d'avance à Bush. Les journalistes furent obligés de se reporter aux résultats des sondages de sortie des bureaux de vote annoncés à 18h15, qui montraient encore Kerry en tête de trois points » (Washington Post, 4 novembre 2004). Officiellement, on attribua l'Iowa à Bush le vendredi suivant les élections . Les résultats avaient été très serrés, « mais comme Bush détenait une avance de 12 000 voix, les fonctionnaires de l'Iowa décidèrent hier que les votes par correspondance n'étaient pas assez nombreux pour que Kerry remonte son retard sur Bush » (Washington Post, 6 novembre 2004).

Bush fut sauvé par un « décalage vers le rouge », comme on dit en astronomie, d'environ 3 à 5% dans un certain nombre d'États clés, entre les sondages à la sortie des bureaux de vote et les résultats officiels. Ces différences, il convient de le remarquer, étaient toujours en faveur de Bush et jamais à son détriment.


Webster G. Tarpley


Cet article est extrait de « La terreur fabriquée, Made in USA » de Webster G. Tarpley, disponible en version française chez les Éditions Demi-lune.